Je suis cadre de santé puéricultrice et j’ai travaillé, depuis 1988, dans différents secteurs de pédiatrie ainsi qu’en crèche. Je suis actuellement en poste sur les Soins Continus de Néonatologie et l’Unité Kangourou du CHU de Tours.

  • Pourquoi as-tu adhéré à Pédiatres du Monde ?

J’ai adhéré à Pédiatres Du Monde en 2017. Depuis 3 ans, je suis membre du Conseil d’administration ainsi que du bureau, ayant souhaité m’investir davantage au sein de l’association, partager des réflexions, des idées, des expériences tant sur les projets en cours que ceux à venir.

Je suis partie pour la première fois en mission avec Pédiatres Du Monde fin 2017 au Cambodge, sans connaître particulièrement l’association mais parce qu’elle intervenait auprès des mères et des enfants, ce qui m’intéressait en tant qu’infirmière puéricultrice. J’ai ensuite assisté à l’assemblée générale afin de rencontrer des adhérents, échanger avec eux, connaître les valeurs de l’association, les projets.

A l’issue de l’AG j’ai confirmé mon souhait d’adhérer, cette association correspondant aux attentes que j’avais quant à l’humanitaire, en particulier l’accompagnement des soignants sur place avec pour objectifs le développement de compétences et d’autonomie et non « je fais à ta place, tu regardes et je m’en vais ».

Il est important, avant de s’engager, d’avoir réfléchi à « pourquoi je souhaite participer à des projets de développement solidaire ». Ce qui existe dans d’autres pays, en matière de santé, va être différent de ce qui existe en France et il ne faut pas vouloir transférer nos organisations, nos prises en charges, notre culture aux personnes des pays dans lesquels nous intervenons. Il faut être à l’écoute des demandes faites par les pays avec lesquels nous échangeons et savoir réajuster en fonction de l’évolution du projet.

  • Peux-tu nous parler des missions que tu as effectuées ?

Depuis 2017, j’ai effectué 3 missions au Cambodge.  Les 2 premières sur le programme 3 axes,

  • Ecoles : hygiène et dépistage bucco-dentaire et hygiène des mains.
  • Centres de santé : co consultations, formation/accompagnement infirmiers et sage-femme
  • Village : prévention auprès des familles (fièvre, alimentation)

Pour la 3eme mission, je suis intervenue sur le projet Néonatologie dans 2 hôpitaux. J’ai aussi participé à 2 missions au Maroc sur le programme d’éducation à la santé dans des écoles (hygiène et dépistage bucco-dentaire et hygiène des mains). Cette année, je suis allée pour la première fois au Laos dans un hôpital de district.

  • Qu’est ce que ces missions t’ont apporté ?

Ces missions sont très riches d’échanges, tant avec les soignants que les personnes autres que professionnels. Parfois cependant, la nécessité de recourir à un interprète peut être un frein à la spontanéité. Pour autant, la barrière de la langue n’empêche pas la création de liens très forts qui émeuvent lors de la fin de mission et il n’est pas toujours facile de prendre du recul face à des situations de santé ou de vie pour lesquelles on se sent impuissant.

La « réadaptation » à notre vie française m’a demandé un peu de temps en particulier au retour du Cambodge ou du Laos. Il faut là aussi s’y préparer. J’ai rapporté des missions, certaines façons de faire que j’ai appliquées dans mes services. Faire aussi bien avec moins de moyens. Les apports peuvent se faire dans les 2 sens.

Et puis, pendant la mission, il y a aussi les échanges avec les différentes personnes de l’équipe de Pédiatres Du Monde, pouvoir partager les situations de la journée, réajuster, en particulier avec des apports sur les rapports culture et santé qui peuvent permettre de mieux comprendre.

Lorsque l’on revient en mission dans un même pays, les relations sont différentes car on se connait déjà, une confiance s’est établie.

J’ai été émue lorsque, lors de ma dernière mission, la responsable des infirmières et sages-femmes m’a dit qu’elle voulait que je reste plus longtemps car on avait bien travaillé ensemble et qu’il restait encore des choses à faire…